Troubleyn | Jan Fabre

Belgian rules/Belgium rules

Bienvenue en Belgique !
Welkom in België !
Willkommen in Belgien !

 

Suivez le processus de creation: 
www.belgianrules.be

 

Le théâtre est à l’origine de la naissance de ce petit pays, et ce petit pays est encore aujourd’hui un théâtre en soi. La Belgique est un pays qui croule sous la bureaucratie et les formalités inutiles. Un État artificiel qui ne semble tenir que par des bouts de ficelles, et que des pays voisins utilisent comme plate-forme pour mener leurs guerres. Tous ses habitants (et aucun d’eux) parlent trois langues. Trois régions divisent et réduisent à rien ce minuscule territoire. Bienvenue en Absurdistan !

Les Belges s’assouvissent de vie. Ils jouissent, mangent et boivent à s’en péter la panse. Frites ! Bière ! Gaufres et chocolat ! Ils célèbrent la chère et la chair. Croient dans les fanfares et la fête. À l’occasion desquelles ils dansent avec la mort, des masques et le carnaval. Cet État nain est grandiose dans ses cortèges de géants.

Plus que le mot, c’est l’image qui sert ici de guide. Un petit pays, ça vous oblige à regarder bien au-delà des frontières. Dans ses limites, le chemin de l’évasion passe sans manquer par l’imaginaire. Ciels gris et pluie constituent une prodigue toile de fond. Et l’art visuel peut s’épanouir. Le Belge découpe la réalité en vignettes. Il adopte le clin d’œil immortalisé de ses personnages de BD préférés. Avec son humour capricieux, il vous démonte et vous désarme. En guise d’armure, de l’ironie, jamais de cynisme. Les Mannekes Pis pissent un peu partout. Personne ne se moque autant des Belges que lui-même.  

La Belgique est un pays de Surréalistes. Sur-réel et sub-versif. Le Belge se meut et se nourrit au-delà, en deçà et à côté de la réalité. Noble Belgique, ô mère lubrique ! Ceci n’est pas un pays.

Ce pays à coulisses est un amant peu ardent du roi et du gouvernement. Il abrite une race de bricoleurs et de débrouillards. Qui défient la loi, contournent et détournent les règles. Ce caractère dégourdi et cet esprit d’indépendance, le Belge l’a dans le sang.

Il est un anarchiste paisible, pacifique : à la bonne franquette, l’esprit large et l’œil ouvert, il entonne le credo du compromis. Mollets dans la glaise, il fouit l’ingrate terre à patates.

Le Belge a une brique dans le ventre. Derrière ses petits parterres fleuris et ses rideaux colorés, il veille sur sa souveraineté et sa singularité. Vive cette laideur légendaire ! Rompre son sourire de banane se révèle difficile. Mais sous les piquants du hérisson, sous le soupir inamovible, il a une peau douce qui se laisse caresser.

Ne vous en laissez pas conter par les drapeaux qui flottent, par ceux qu’on agite, ni par les fêtes pétaradantes auxquelles vous êtes invités. Aucun récit nationaliste ne saurait fournir une parabole seyant à ce royaume bizarre. Si ce n’est une histoire sur l’absence totale de nationalisme. Le Belge est fier de son manque de fierté.

Ce pays difforme, déformé, déplacé constitue le magnifique centre de l’Europe. Remontez les volets roulants et vous découvrirez une fenêtre donnant sur ce pays laconique. Regardez par le chambranle et vous verrez une grande partie du monde.

***

Jan Fabre nous offre un hymne. À l’instar de Fellini avec son film "Roma", l’Anversois célèbre son pays complexe et fou. Il le fait dans la langue la mieux à même de capter l’esprit de cet État qui ne cesse de nous échapper : celle du théâtre, celle de l’image. Des performers et des musiciens de différentes nationalités l’aident à cerner l’identité belge et à la traduire en une représentation itinérante où s’allient danse et théâtre. L’écrivain Johan de Boose en signe le texte tandis que l’auteur-compositeur Raymond van het Groenewoud l’agrémente de plusieurs chansons.

Credits
»


CREDITS BELGIAN RULES/BELGIUM RULES

performeurs Lore Boremans, Annabelle Chambon, Cédric Charron, Anny Czupper, Conor Thomas Doherty, Stella Höttler, Ivana Jozic, Gustav Koenigs, Chiara Monteverde, Pietro Quadrino, Annabel Reid, Ursel Tilk, Irene Urciuoli, Kasper Vandenberghe, Andrew James Van Ostade Concept, Mise-en-scène: Jan Fabre Texte: Johan de Boose Musique: Raymond van het Groenewoud (Belgian Rules et Vlaanderen Boven/Wallonie d’abord); Andrew Van Ostade (toutes les autres musiques) Dramaturgie: Miet Martens Assistante à la dramaturgie: Edith Cassiers Costumes: Kasia Mielczarek, Jonne Sikkema, Maarten Van Mulken, Les Ateliers du Théâtre de Liège, Catherine Somers (chapeaux de carnaval)

Stagiaire assistante à la mise-en-scène: Nina Certyn Stagaire costume:Intern costume design: Monika Nyckowska Stagair P.U.L.S. (Project for Upcoming artists on the Large Stage): Timeau De Keyser

Technicien en chef: André Schneider Chargé de production: Sebastiaan Peeters, Liesbeth Plettinckx Régisseur lumières: Wout JanssensRégisseur plateau: Randy Tielemans, Kevin Deckers  Régisseur son: Howard Heckers

Production: Troubleyn/Jan Fabre (BE) Co-production: Napoli Teatro Festival Italia-Fondazione Campania dei Festival (IT), ImpulsTanz Vienna International Dance Festival (AT), Théâtre de Liège (BE), Concertgebouw Brugge (BE)

Troubleyn/Jan Fabre est subventionné par le gouvernement flamand et soutenu par la Ville d'Anvers.

Images


More
»
 


Inferno Magazine 22/10/18

Agnès Izrine - La Terrasse: "C’est du regard aigu formé par le dessin qu’est né son intérêt pour le corps en mouvement. Devenu plasticien, il ne tarde pas à s’incorporer – au sens fort – dans des performances privées où il s’implique totalement. Puis il se tourne vers l’écriture et le théâtre, et devient metteur en scène. Homme de l’excès, sa première pièce mêle dans un genre unique théâtre, danse et opéra et dure sept heures: C’est du théâtre comme il était à espérer et à prévoir est une sorte de drame de la sensation, une contraction des affects dans une apocalypse joyeuse qui ne craint pas d’offrir l’artiste en tant qu’objet d’art. La tension entre l’uniformisation des corps et la profondeur des individus est un thème récurrent qu’il traite sous les différents angles que lui permet son éclectisme artistique. Le conflit entre sensation intérieure et regard extérieur, la dichotomie du corporel et du spirituel sont traqués sans cesse, dans des œuvres où la vision mystique du corps s’accompagne d’une réflexion sur l’interprétation de chaque objet, de chaque geste, par une sorte d’affinement du regard, de dilatation de la perception.

Peurs, angoisses, horreurs, ses spectacles, parfois d’une violence rare, sont ceux d’un artiste qui transforme l’espace théâtral en vaste champ sensoriel. Ses corps caparaçonnés et fragiles montrent un être inexorable, un « guerrier de la beauté » défini comme « une figure corporelle qui cherche à défendre notre vulnérabilité contre le politiquement correct », dit celui qui croit que le corps, à la fois coquille et ange, est d’abord une émanation spirituelle.

Avec Belgian Rules, Belgium Rules, il s’empare de son pays, ce royaume profondément surréaliste et anticonformiste, pour brosser à coups de bière et de Manneken-Pis, d’œuvres de Brueghel, Rubens ou Félicien Rops, Jérôme Bosch et Hergé, un tableau d’une belgitude ouverte sur le monde, multiculturelle et vivante en diable…

close